Mon compte-rendu de la Course des refuges 2017.

Ça faisait plus de 6 mois que je me préparais pour ça… 6 mois à attendre ce 8 juillet 2017, date de la course des Refuges.

Un vrai chantier, 53km, 3500m de D+, autour de Cauterets, avec des barrières horaires hyper exigeantes et un terrain « technique ». Les infos prises à droite et à gauche se recoupaient : à l’évidence, si je n’étais pas prêt, ce n’était pas la peine de mettre le dossard.

De dossard, justement, il en est question le vendredi soir, au moment de le récupérer pour Laurent et moi… J’en profite pour retrouver mon copain du pays basque, Pierre, licencié à St Pée. Tous les deux, on est un peu dans l’inconnu : on a jamais fait aussi long (maxi 42km pour tous les deux à Bidarray), ni aussi difficile.

Pour ne rien arranger, quelques contrariétés personnelles, accompagné d’une bonne dose de stress, et d’une incertitude liée à la météo qui annonce des orages pour le lendemain, font leur effet sur mon système digestif.

Le repas du soir passe vite, direction dodo pour être frais et dispo le lendemain.

Mon objectif : terminer, passer les barrières horaires et prendre du plaisir.

4H35 – le réveil sonne, je me maudis d’être là. La nuit a été mauvaise, mon ventre gargouille à tout va, mais je n’ai qu’une envie : partir courir pour en terminer avec l’attente.

5H45 – je descends de l’appartement, marche 50 mètres et rentre dans le sas de départ. Je retrouve Pierre. Drôle d’impression. Il fait encore nuit, mais il fait déjà bon. L’ambiance est bonne enfant, ça discute, sourit, chambre dans le calme. Je me revois un mois avant partant tout seul à la même heure, de la même place pour une reco. Le speaker nous fait patienter, puis vient le briefing : on nous annonce des vents à plus de 100km/h sur les crêtes, des risques d’orages, des barrières horaires strictes pour la sécurité de tous et un possible raccourcissement de la course si les conditions météo ne sont pas bonnes. J’annonce à Pierre qu’on va nous arrêter aux Oulettes de Gaube, comme un pressentiment.

6H00 – le départ est donné, j’ai l’impression que ça part vite, mais ce qui me surprend le plus, c’est le calme. Personne ne parle, ne rigole, tout le monde a l’air hyper concentré, à ne pas vouloir perdre d’énergie maintenant. On attaque rapidement les premiers singles, ça double à droite, à gauche, ça relance dès que c’est plat, ou même en faux plat montant. Etonnemment, je me sens bien, à l’aise, les jambes sont un peu lourdes, après quasiment une semaine et demi de calme, mais le cœur va bien. On arrive au Cambasque pour attaquer la montée vers Ilhéou : je monte à mon rythme, les pulsations ne baissent pas, je me fais doubler mais je me sens plutôt bien alors je décide de continuer à mon rythme. Dans un lacet, je me retourne pour voir où j’en suis, car devant la longue file des coureurs m’inquiètent, et comme je monte mal, je me dis que je dois pas être loin du fond… impression confirmé, j’ai une dizaine de coureurs derrière.
Arrivée à Ilhéou à 7h40, pour une barrière horaire à 10h, je suis large : je suis même monté 5 minutes plus vite que lors de mes recos, mais je sais que ma course commence maintenant. Il faut que j’arrive à Wallon avant 10h, sinon je suis hors course. Lors de ma reco, j’étais passé avec 20 minutes de retard, en m’étant perdu. La montée vers le col de la Hougade est difficile : de la pierre, de la grosse caillasse, des grandes plaques. Je ne suis pas hyper à l’aise, mais bon comme je commence à doubler du monde à la montée, le moral est bon. Finalement, j’arrive au col, sans avoir trop souffert, et je retrouve un grupetto de quelques coureurs, prêt à partir pour la descente. Je range mes bâtons et j’y vais : le passage en belvèdere est superbe, mais ne prête pas à la contemplation. Je continue à doubler quand la pluie commence à tomber. Je m’arrête immédiatement pour enfiler ma veste, réflexe de bon sens après mon coup de froid l’an dernier au BK 42. Du coup, je me fais doubler par le grupetto et je me pose la question de savoir si je ne fais pas un peu mon douillet. Mais non, après 2 minutes à essayer de retrouver le groupe, une grosse bourrasque de pluie les stoppent. J’en profite pour les doubler et enquiller la liaison vers le lac du pourtet. Au lac du pourtet, je sais que la descente commence maintenant et que je vais pouvoir enfin me faire plaisir : 4km, 600m de D- miam miam. Au niveau du Lac Nère, un bénévole m’annonce 25 minutes pour arriver à Wallon. Je regarde ma montre, la BH est justement dans 25 minutes, il va pas falloir s’endormir. Dans la descente, je me fais doubler par 2 flèches, les premiers du 33km, partis 1h30 après nous. Je n’essaye même pas de m’accrocher, il me reste encore 36km à couvrir. Par contre, j’ai bien compris l’urgence d’arriver avant les 4h de la BH : je me décide à accélerer, histoire d’assurer le coup, pour finalement arriver en 3h54. Ouf, je vient de claquer mon premier objectif, je suis content mais pas le temps de réaliser, car un bénévole nous indique que la course est raccourci : aux Oulettes, on rentre direct à Cauterets, environ 6km de moins. Tiens, tiens, j’avais eu le bon pressentiment. Je retrouve Pierre qui sort du ravito au moment où j’arrive : il est passé 5 minutes avant moi et a l’air plutôt bien.
On apprendra après course que cette BH a laissé des traces : sur les 400 partants, 126 ne l’ont pas passé et ont été basculé sur le 33km. 
Je repars vers les oulettes après avoir fait le plein de fromages et d’eau. Je me fixe quand même comme objectif de passer la BH de 6h30 aux Oulettes, histoire de voir où j’en suis. Je profite du début de la montée pour manger un petit sandwich, je discute avec des compagnons d’infortune, un randonneur faisant la HRP. De toute évidence, le moral est bon, même si on ne voit pas grand-chose niveau paysage. La pluie n’a pas cessé, par moment le vent souffle très fort et la température chute au fur et à mesure de notre avancée. Ou plutôt de mon avancée car le petit groupe que nous étions à la sortie du refuge a explosé : je me retrouve donc tout seul et je continue à rattraper du monde. Vraiment bizarre comme sensation pour moi : en général, en montée, je ne double que ceux qui ont explosé sur le bord du chemin à l’agonie, pas ceux qui arrivent encore à marcher. On passe deux névés magnifiques, dont un se jette dans un lac 50 mètres plus bas. J’ai pas trop envie de finir gelé donc je regarde où je mets les pieds : mon cerveau passe en niveau de concentration maximum et mon corps est sensible à tous mouvement bizarre. Finalement ça passe sans problème. J’arrive en haut du col d’Arattille avec 2 autres coureurs : une bourrasque de grésil nous frigorifie, mais là encore, je n’ai qu’une envie : me lancer dans la descente puis attaquer la remontée vers le col des mulets à 2600m. La descente se passe bien malgré une pluie dense : les jambes répondent sans problème, je cours tout le temps même dans les pierriers. Arrivé au pied du col des mulets, j’ai l’impression de prendre un mur, de ne plus avancer, d’être collé à la terre, ou plutôt à la roche. Les 2 coureurs qui étaient avec moi au col d’Aratille sont revenus à ma hauteur et se cale sur moi pour la montée. Je n’aime pas cette sensation de monter les autres, mais là où à Gavarnie je m’étais énervé, bizarrement je suis hyper calme, concentré sur mes poumons qui commencent à bruler avec l’altitude. J’ai le souffle court mais sans à-coup, j’arrive enfin en haut du col. Ça fait 6h que je suis en course, et les bénévoles nous annoncent 45 minutes, pour arriver aux oulettes. J’en mettrai 43 finalement, en faisant une bonne descente, et en ayant la chance de voir le Vignemale se découvrir sur ma droite : waow, moment de pur bonheur dans la descente. Par contre, j’ai compris le sens des mots « techniques » et « engagés » dans cette descente : des pierriers avec des pierres monstrueuses, des névés où je tomberai 2 fois comme une grosse m…. et un single bien bien raide. En arrivant aux oulettes, je fais le boulet : je passe dans le ruisseau pour une séance de cryo qui m’a tétanisé quelques secondes. Mais je retrouve Pierre qui arrive en même temps. On est un peu dégoûté de ne pas continuer vers Baysselance, ni d’avoir passer la BH de 6h30, mais à l’évidence les conditions météo n’ont pas aidé. Il repart quelques minutes avant moi du refuge. On file vers Gaube, la descente est plaisante, je le rattrape et on papote un peu, il me raconte son coup de froid au col d’Arattille, mais comme on se fait un peu doubler, je me décide à faire la seule chose que je fais à peu près correctement en trail : descendre !!
Et c’est parti pour une belle descente jusqu’au lac de Gaube, puis le pont d’Espagne, le chemin des Cascades. Je me régale, je double un peu, on se tire la bourre avec d’autres coureurs, ça chambre un peu, on se moque des enfants qui refusent de mettre les pieds dans la boue, avant de prendre le mur de la Cascade du Lutour… Après 9h de course, ça fait pas le même effet que quand je viens la faire en footing le dimanche matin. Collé dans la pente, je me fais doubler par des touristes en ballerines, avec appareils photo et pique nique sur le dos. A ce moment-là, je suis pas fier de moi, ok je n’aime pas monter, mais là ça frise la faute professionnelle…
Finalement j’arrive à l’embranchement du chemin des Pères, le faux plat descendant qui doit nous ramener à Cauterets. J’essaye de rester concentré sur moi-même et d’avancer : les jambes déroulent et dans les lacets avant les Thermes de César, je me surprends même à pouvoir accélérer. Je rentre dans les rue de Cauterets, ça y est, j’ai réussi mon pari. Les enfants sont là, sourire aux lèvres, moi pareil… Et même si la course a été raccourcie, je suis vraiment content car j’étais juste venu pour terminer : c’est ce que j’ai fait en 9h18, Pierre arrivant 5 minutes après moi. Laurent est à l’arrivée, il a fini 24° du 33km… ouf, la claque !!!
Au final, 47km et 2800m de D+, un vrai chantier !
La leçon du jour : sur ce type de course, la tête et les jambes doivent marcher ensemble !
Mon plaisir du jour : la descente, quel pied !
Le moment où j’ai douté : la montée de la Cascade du Lutour => es-tu vraiment à ta place ?
Mon moment de grâce : la vue sur le Vignemale, entièrement dégagé !!!!
Mes remerciements pour les Montardon d’Achille :
– aux coach du mercredi (Fabien, Fred et Cathy) qui nous font de supers entrainements pour que des boulets comme moi arrivent à avoir un niveau acceptable et portent correctement le maillot,
– à mes copains et copines de galère du mercredi, (je sais que vous vous reconnaitrez si vous en avez marre des « Go » et « Top » le mercredi dans le bois de Billère), et notamment Bruno, qui en plus de souffrir à mes côtés le mercredi, a supporté mes « Allez Bruno ! » et « Tranquille Bruno » pendant 2 jours à l’Euskal,
– à Lolo, qui fait tous les A/R avec moi le mercredi et qui a juste un niveau de fou
– et à tous les autres des Montardon d’Achille, qui font de cette association un belle bande de copains et de copines, prêts à suivre les aventures et les courses de chacun (petites ou grandes) !

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