Fin de l’aventure UTMB® TDS, 119km, 7200D+ et c’était Fan-Tas-Tique ! Quelle ambiance à Chamonix ! Des coureurs du monde entier, une vallée qui respire le trail à tous les coins de rue, c’est magique pour les passionnés que nous sommes.
Au départ de Courmayeur en Italie, mercredi 06h du matin, il parait qu’il faut être bien placé dans le sas afin d’aborder les premiers singles sans bouchons. Qu’à cela ne tienne, nous sommes Isabelle, Lisa, Nicolas, Jean-François solidement installés à quelques encablures des favoris avec 1600 coureurs derrière nous Nathalie et Sylvie s’apprêtent à nous assister sur l’ensemble de la course, on va avoir besoin d’elles !
Tadaaaamm moment de recueillement sur le thème de Pirates des Caraïbes et PAM Départ !! Et là… ben nom de dieu… on se fait littéralement déposer par une vague de traileurs mieux réveillés ! Ok y’a du niveau ici, ça court très très vite ! Et dire qu’on part pour 120 bornes, va y’avoir un souci…. On aborde donc les premiers singles plutôt larges sans bouchons et le rythme autour de nous ne se calme toujours pas dans cette première montée. J’essaye de rester placé avec un rythme soutenu, je me retourne et j’ai perdu tous les acolytes de course.. et merde.. C’est parti pour un début de course solo ! Je passe en haut du premier col en 380eme position mais clairement je ne tiendrai pas ce rythme sans dégâts surtout que je viens d’exploser ma poche à eau, manquait plus que ça.. Je préviens Nathalie qui demandera une dérogation à la direction de course pour me changer ma poche au 35eme km au Col du Petit Saint Bernard. On ne badine pas avec le règlement ici, tout est ultra verrouillé. Je profite de ces merveilleux paysages et décide de lever un peu le pied jusqu’à Bourg St Maurice car le gros morceau de la course arrive juste après avec 2000m de D+ quasiment d’un trait en plein cagnard 33°. Je n’aime pas la chaleur et commence à avoir du mal à m’alimenter. Les amis sont partis plus prudemment sauf Lisa qui pointe seulement à une 15aine de minutes et on se croise au ravito quand je repars.


J’entame l’ascension tranquille. Le début se passe plutôt bien et il commence à y avoir quelques cadavres sur le bord. au bout d’une heure d’effort, je commence à avoir mal au coeur, les jambes commencent à trembler et je n’avance plus. L’hypoglycémie a gagné, je titube puis m’arrête.. Je vois Lisa dans le même état que moi un peu plus bas. Elle repart et me reprend alors que je suis toujours à l’ouest, malgré la prise de gels et barres. J’essaye de la suivre mais n’y arrive pas.. Je finis finalement cette première montée et arrive au CP intermédiaire et rejoins Lisa qui fait une pause. On récupère et on décide de repartir ensemble. C’est clairement Lisa qui va faire le rythme pendant les 1000D+ suivants afin de rallier le point culminant de la course, le col du Passeur de Pralognan. La descente est TRES technique avec un enchaînement de passages en Brêches avec des cordes, on pense à tous les coureurs qui vont passer ici de nuit surtout que la pluie arrive, bon courage !
A présent c’est Lisa qui commence à être malade et ne plus pouvoir s’alimenter, je passe donc devant pour rallier la base de vie située au 66ème km ou nous arrivons en 13h30.
On fait une pause d’une heure. J’arrive à bien manger, Lisa un peu moins. On se change, il pleut et on met les frontales, c’est parti pour la nuit ! J’ai super bien récupéré avec de très bonnes jambes mais Lisa est toujours en difficulté avec son estomac avec des vomissements. On avance donc tranquille mais en rythme et conservons notre classement aux alentours de la 550. Finalement peu de monde nous double et vice versa. Nous commençons d’ailleurs à être isolés les uns des autres pour la première fois de la course. On arrive aux Contamines au 96eme km, dernier ravito avant la plus grosse difficulté de la course assez « intelligemment » placée au 102eme km, le col du tricot, soit 1,5km à près de 35%, un calvaire ! Un pied devant l’autre, on arrive finalement en haut au bout de 24h de course et là on commence à sentir qu’on va aller au bout. Je suis toujours en cannes et tente de conserver un bon rythme car je sais que Lisa avait pour objectif de passer sous les 28h de course avant d’être malade et je me dis que c’est encore possible. Elle a un courage incroyable car elle ne lâche rien alors que clairement elle n’est pas en état de courir. Je suis admiratif et aurait certainement bâché à sa place.
On commence à descendre vers le dernier ravito des Houches et Lisa reprend un peu de forces et nous recourrons à bon rythme entre le 102eme et 112eme km. Les 28h se jouent à quelques minutes, nous gardons donc un rythme soutenu sur l’arrivée à Chamonix, je ne peux plus courir mes jambes sont trop lourdes. Entrée dans Chamonix, on se recoiffe on range les bâtons, et on court vers l’arche, le public est incroyable, bref c’est MAGIQUE !! 27H28, on tombe dans les bras l’un de l’autre, on ne réalise pas, quel moment de partage ! ! On l’a fait et cette course est très rude !
Nathalie, Sylvie, Isabelle (qui a du abandonner au 75eme, t’inquiète tu vas te refaire!!) sont là pour nous accueillir, quel moment !! Pas le temps de se reposer, on part se doucher afin de pouvoir être à l’arrivée de Jeff qui fait une superbe course et Nico qui avec un mental de warrior finira aussi cette course !
Voilà je sais c’était long comme CR mais les émotions sont énormes ! Merci à tous pour vos encouragements durant la course, merci à cette équipe de copains avec qui ces courses sont toujours de supers moments, bravo Lisa tu es une machine de guerre, merci Nicolas Coach pour ces entrainements de Feu et SURTOUT MERCI à ma Nathalie et Sylvie qui ont été exceptionnelles pour nous aider, supporter, encourager !
Si vous avez l’opportunité d’aller sur une des courses de l’UTMB, n’hésitez pas, on a beau dire ce qu’on veut sur cet évènement, c’est une ambiance unique ! MERCI A TOUS

Un complément au récit de Thierry ….. Pour participer à un Ultra ( il faut savoir vomir ), je me demande comment le corps peut te donner de l’énergie alors que t’as tout rejeté et qu’il te reste + de 20Km et 1700de D+ à faire !!! , tout le reste classement , chrono , etc ne sont que superflus  … Quelle semaine nous avons passé à partager nos craintes , à ranger les sacs , à minimiser tous les temps parasites alors que quand t’es dans le  » TRES » dur , tu ne cherches qu’à mettre un pied devant l’autre …. et c’est déjà bien , combien t’en vois allongé dans le fossé ( des sportifs du dimanche sans doute ) !!!! 5mn après c’est toi …  Une voix  » lève toi et marche »…

Je ne peux me réjouir totalement de cette semaine , nous avons tous une pensée pour Isa qui s’est donnée comme une lionne qui a buté ( pas sur le physique Non ) sur le point bas du moral au mauvais moment …. Putain Isa le Col il s’appelait JOLY …..

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